Ecole 42 : « La plupart des pays nous envient »

La nouvelle directrice générale de l’Ecole 42, fondée par Xavier Niel, a annoncée la création d’un réseau de 20 campus à l’international.

Sophie Viger, directrice générale de l’Ecole 42 depuis octobre dernier. (Crédits Photo:LP/Philippe Lavieille)
Sophie Viger, directrice générale de l’Ecole 42 depuis octobre dernier. (Crédits Photo:LP/Philippe Lavieille)

    Elle n’a pas eu à forcer beaucoup sa nature pour s’imposer à la tête d’une école de « geeks », par nature essentiellement masculine. « Toute petite déjà, je voulais tout faire comme les garçons », s’amuse Sophie Viger, nouvelle directrice générale de l’Ecole 42.

    Depuis ses premiers pas sur le ZX81, l’un des premiers ordinateurs personnels des années 1980, qu’elle chipait à ses frères, cette « grosse gameuse » passée par des études de biologie et de musicologie avant d’apprendre à coder, a fait tomber bien des barrières. « Je suis devenue prof de programmation informatique, dit-elle, parce que je trouvais que cette manière était mal enseignée ». Aujourd’hui pour inciter les femmes à se lancer dans le code, elle a son argument bien rodé : « Ça vous donne le pouvoir et l’autonomie ! ».

    Des antennes à Rio, Jakarta, Madrid...

    Huit mois après sa nomination comme directrice générale (DG) de l’Ecole 42, Sophie Viger annonce ce mardi un projet d’envergure pour l’établissement de formation créé par Xavier Niel en 2013 : son développement à l’international. Trois ans après l’ouverture d’un campus en Californie, 42 lance un réseau de 20 campus partenaires dans le monde. D’ici 2020, 11 nouveaux campus seront créés, à Rio, Jakarta, Madrid, Bogota, Québec… ou encore Angoulême. « Nous avons aussi mis en place un partenariat avec 19 en Belgique, 1337 au Maroc, ou School 21 en Russie… », donne en exemple la DG. Objectif : harmoniser les formations sur le modèle du centre parisien, entièrement gratuit, ouvert à tous sans condition de diplôme, sur sélection après une phase en immersion intensive (la fameuse « Piscine »). « L’idée est que l’on puisse se prévaloir d’un même socle de compétences, sous le label 42 Network ». Et l’ambition est d’enchaîner, ensuite, sur « au moins 10 nouveaux campus chaque année ».

    « Personne n’est au chômage à la sortie de 42 »

    Ancienne directrice de la Webacadémie qui forme aussi des développeurs web, Sophie Viger veut exporter très largement le modèle hors normes de cette institution – non reconnue par l’Etat – qui fonctionne sans profs ni cours, en faisant appel à la débrouillardise et à la créativité de ses étudiants. Et qui produit ses résultats. « Personne n’est au chômage à la sortie de 42 », vante-t-elle. Mieux encore : « 70% de nos étudiants reçoivent une offre d’embauche pendant leur premier stage ». Et du développeur web qui peut concevoir des sites Internet au consultant indépendant en passant par le chef de projet en start-up, « le spectre d’emplois est très large ». « La plupart des pays nous envient 42 », appuie la DG.

    Mais cette ex-développeuse indépendante ne lorgne pas qu’à l’international. En quelques mois, elle a réussi à dynamiter les règles de son campus parisien. A son arrivée en octobre dernier, déjà, elle a « fait péter la limite d’âge » en ouvrant la formation jusqu’ici réservée aux moins de 30 ans. « J’ai été remerciée par des mamies qui m’ont dit “On attendait ça depuis tellement longtemps !” » se réjouit la quadragénaire, par ailleurs très engagée en faveur de la mixité et qui a ainsi entrepris de féminiser le public très masculin de 42.

    Objectif, 35% de femmes à la rentrée

    « En 5 ans, de 2013 à 2018, la proportion de femmes était déjà passée de 7 % à 15 %. En février 2019, il y avait 26 % de femmes à la Piscine, et 21 % dans les élèves retenues ». C’est pour la directrice le fruit d’un gros travail d’évangélisation. « Nous avons pris de nombreuses mesures pour qu’elles se sentent légitimes. Dorénavant, 50 % des places dans les checks-in, les phases de sélection qui précèdent la Piscine, leur sont réservées ». Des collégiennes, des lycéennes, ont été invitées à découvrir l’établissement qui a été sécurisé et rendu plus accueillant avec l’installation de toilettes spécifiques, un détail qui n’en est pas un. « Nous avons aussi mis en place une adresse mail qui peut être utilisée par toutes les victimes de racisme, de sexisme ou d’homophobie. Les personnes incriminées sont automatiquement convoquées », insiste Sophie Viger. Autant de gestes qui, espère la directrice, feront de 42 une « école de référence pour les codeuses » : « J’espère avoir 35 % de femmes à la rentrée de novembre ».

    D’ici là, la pétillante directrice se sera attelée à un autre projet : celui de pousser les murs de son campus parisien du XVIIe arrondissement (lire ci-dessous). De quoi ravir ses élèves. « Elle veut faire bouger plein de choses. Elle a la réputation de beaucoup échanger avec les étudiants », témoigne une ancienne élève. L’intéressée ne dit pas autre chose. « Dans les murs, glisse-t-elle dans un immense sourire... on m’appelle la Tornade ».

    Ecole 42 à Paris : le Campus va s’agrandir.

    Autre chantier de taille à laquelle va s’attaquer l’équipe de 42 : la transformation de son campus situé boulevard Bessières dans le XVII e arrondissement. Physiquement, l’établissement va traverser la voie de tramway pour construire deux nouveaux bâtiments, juste en face de l’actuelle école située au numéro 42. L’un sera construit en terrasses, côté boulevard Bessières au niveau des numéros 73 à 89, avec jardin partagé sur le toit et salle de spectacle en sous-sol, qui seront accessibles aux riverains. L’autre, en bois, côté rue du Docteur-Paul-Brousse, comprendra une épicerie solidaire ouverte aux habitants. Baptisé NOC 42 — pour « Not Only a campus » –, ce nouvel ensemble lauréat de l’appel à projets « Réinventer Paris » est conçu comme un lieu de vie avec 950 places de dortoir réservés aux étudiants. « 42 est gratuit mais vivre à Paris a un coût : ces lits seront proposés à petits prix pour rester en cohérence avec nos valeurs », souligne Sophie Viger. Et les jeunes pensionnaires seront invités à lever le nez de leurs écrans pour participer à la vie du quartier.

    Le nouveau bâtiment, situé sur le boulevard Bessières (XVIIe), en face de l’actuel, sera construit en terrasses, avec jardin partagé sur le toit. (Crédits Photo:/AR Studios d'architecture )

    Livraison prévue en 2021

    « Lors d’un hackathon organisé fin mai, nos étudiants ont conçu une plate-forme qui leur permettra de s’impliquer de façon bénévole, en participant à des maraudes ou en aidant des femmes seules par exemple. » Un projet plein de résonance pour la directrice générale qui a grandi dans un HLM tout proche.

    Pour mener à bien le projet d’extension, la démolition des bâtiments devrait commencer dans six mois. Les travaux devraient être terminés « d’ici deux bonnes années » selon Sophie Viger, qui a aussi pour mission de doubler le nombre d’étudiants accueillis.

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    EDC Paris Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Courbevoie
    Edhec Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Roubaix cedex 1
    L'École Sécurité C-SRD
    Défense / Fonction Publique
    Paris