Bac français 2018 : les corrigés de l’épreuve de français en première

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Bac français 2018 : les corrigés de l’épreuve de français en première

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    Corrigés Séries L - Corrigé des Séries ES et S - Corrigé des Séries Techno

    Durée de l'épreuve anticipée de français : 4h

    Série L : Littéraire (Coef. 3)

    Correction proposée par Hélène Bastard, professeure de Lettres modernes au lycée Albert Einstein de Sainte-Geneviève-des-Bois (91)

    L’objet d’étude retenu pour ce sujet est « le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours » : cet objet d’étude était attendu et ne devrait pas poser de problème majeur aux candidats.

    En outre, les textes du corpus abordent le thème de l’amour, sujet hautement romanesque s’il en est. Notons que les trois textes du corpus ont été écrits par des auteurs féminins : le sujet semble ainsi répondre à la polémique qui reprochait aux programmes de littérature de ne pas proposer d’autrices. Enfin, la langue classique de Madame de La Fayette semblera certainement ardue à certains candidats, comme celle de Colette dont le texte est éminemment poétique.

    1. Question de corpus

    Quelles raisons ces personnages féminins invoquent-ils pour justifier leur renoncement à l’amour ?

    En introduction de la question de corpus, on doit présenter les textes et éventuellement leur auteur de manière très brève : représentante du classicisme (XVIIe siècle), Madame de La Fayette inaugure le roman au sens moderne du texte avec La Princesse de Clèves ; Madame de Staël est également une grande figure de la littérature française, elle s’inscrit dans le mouvement du romantisme (début XIXe siècle) ; Colette, autrice du début du XXe siècle, est surtout connue pour ses romans à caractère autobiographique. Puis, il faut annoncer la question de corpus ainsi qu’un plan de deux ou trois idées que l’on développera sur trois ou quatre pages tout au plus.

    D’abord, ces textes qui laissent tous trois la parole à des personnages féminins invoquent des arguments convaincants pour justifier leur renoncement à l’amour. Les personnages des textes de Madame de La Fayette et de Madame de Staël font appel à la morale pour justifier leur décision. Ainsi, Madame de Clèves emploie le terme de « devoir » à plusieurs reprises, et invoque celui de « bienséance » (l.16), qui renvoie à une conduite sociale en accord avec la figure de l’honnête homme (femme, ici) au XVIIe siècle.

    Implicitement, elle s’appuie sur deux arguments : d’abord, il ne serait pas bienséant de vivre son amour avec Monsieur de Nemours car celui-ci serait responsable – indirectement – de la mort de Monsieur de Clèves (l.23), ensuite, il ne serait pas bienséant de se précipiter dans les bras de son amant alors que son mari vient juste de mourir (l.32-33). On retrouve cette idée de devoir moral dans la bouche de Delphine, le personnage de Madame de Staël, lorsqu’elle dit : « vous avez sur son cœur des droits que j’ai dû respecter ».

    En somme, Delphine ne veut pas briser une famille. C’est ce qu’elle sous-entend en invoquant le terme de « mère » ou le verbe « épouser ». Toutefois, Renée dans La Vagabonde de Colette, ne s’appuie pas du tout sur la morale pour justifier sa décision, mais c’est l’amour comme succession d’images clichés qu’elle refuse : « les plus beaux pays de la terre, je refuse de les contempler, tout petits, au miroir amoureux de ton regard », tout comme elle refuse de se voir « illuminé[e] de cette banale aurore ». Elle désigne l’amour comme une succession d’images éculées qui ne la surprennent plus ni ne l’intéressent. On peut alors rapprocher cette décision de celle de Madame de Clèves qui demande du « repos » : le refus de l’amour serait le refus d’une vie à deux à la faveur du confort de la solitude.

    Les raisons que ces personnages féminins invoquent pour justifier leur renoncement à l’amour s’inscrivent dans un destin tragique. Madame de Clèves, comme Delphine, utilisent le terme de « destinée ». Ainsi, Madame de Clèves interroge en vain les événements qui l’ont amenée à tant de malheurs sur un ton élégiaque : « Pourquoi […] ? Pourquoi la destinée nous sépare-t-elle par un obstacle si invincible ? » (l.25-26). De même, Delphine regrette les événements qui l’ont séparée de Léonce avec une polysyndète qui suggère le fait qu’elle ne maîtrise plus ses émotions : « mais je l’aimais, mais vous n’avez pas su peut-être qu’avant de vous épouser… » (l.10-11). Toutefois, elle s’interrompt immédiatement (aposiopèse) pour insister sur l’idée de sacrifice.

    Le texte de Colette diffère à nouveau des deux autres sur ce point car Renée ne semble pas subir sa destinée mais la choisir. On peut ainsi relever cette maxime : « Il n’y a pas que le bonheur qui donne du prix à la vie ». Renée choisit une autre voie que celle du bonheur de l’amour.

    Cependant, les trois textes, même celui de Colette, semblent proposer un dénouement tragique : comme dans une pièce de théâtre classique, Madame de Clèves expose son dilemme, fait un choix et sort de la scène à la fin de l’extrait de La Princesse de Clèves, la lettre de Delphine a des accents de testament et les dernières paroles de Renée laissent penser à une disparition qui ressemble à la mort.

    Enfin, dernière idée que l’on pouvait développer : les raisons invoquées par les personnages féminins impliquent un combat contre soi-même. On pouvait analyser la force morale de Madame de La Fayette face à l’ampleur du sentiment qu’elle avoue par la dernière fois, la grandeur du sacrifice ou encore la lutte de Renée contre ses propres désirs, dans une acception de l’amour moins sentimentale et plus charnelle.

    2. Sujet d’écriture au choix :

    - Commentaire sur le texte de Madame de Staël

    Deux éléments d’introduction à rappeler si les connaissances des candidats le permettent :

    1. Madame de Staël est une autrice des débuts du romantisme, connue pour son essai De l’Allemagne

    2. Mode du XVIIIe siècle du roman épistolaire (par lettres) comme Les liaisons dangereuses de Laclos.

    Problématique : Comment le recours à l’épistolaire permet-il au romancier d’exprimer l’introspection pathétique de Delphine ?

    I. La détermination sacrificielle de Delphine

    1. Un lyrisme désenchanté

    Delphine multiplie les négations et les futurs prophétiques : elle veut disparaître aux yeux de Léonce. Les marques de l’épistolaire nous rappelle qu’on est plongé dans son intériorité. Elle insiste sur la valeur de son sacrifice et en appelle à Dieu comme témoin.

    2. La douleur pathétique de l’amante éplorée

    Elle évoque sa tragique « destinée », notamment à l’aide de l’optatif « j’aime mieux mourir » ou de l’aposiopèse de la ligne 11. Le départ dont elle fait mention (dans une gradation : d’abord Paris puis la France) serait peut-être une métaphore de la mort, comme elle le suggère par la suite. Elle use d’hyperboles pour se qualifier.

    3. La sagesse amoureuse de Delphine : un vademecum (des conseils) pour Matilde

    On peut relever l’omniprésence de l’impératif, ses conseils sont pressants. Elle donne une véritable leçon de vie future à Matilde. Ainsi, Delphine s’affirme comme supérieure.

    II. Une femme amoureuse et passionnée : une figure féminine de l’héroïsme romantique

    1. L’éloge romantique de la sensibilité et du sentiment amoureux

    A travers le personnage de Léonce, Delphine fait l’éloge de la sensibilité à la ligne 17 (énumération et point d’exclamation). Cette sensibilité forme des êtres uniques (valeur adversative du « mais » ligne 16 : Léonce s’oppose à tous les autres). Delphine elle-même est une passionnée. La passion, sublime, s’oppose à la raison : le mariage de Léonce et Matilde s’oppose à la réalité des sentiments.

    2. L’invocation à Dieu

    Les romantiques se sont souvent appuyés sur l’idée selon laquelle Dieu veillait sur les âmes sensibles, capables de passion. Madame de Staël fait valoir cette idée ici avec les termes d’« objets de bienveillance pour l’Etre suprême » ou « Dieu qui sait la douleur que j’éprouve ». L’héroïsme de Delphine est souligné par sa ferveur religieuse et sa foi en Dieu.

    3. Une attaque en creux

    La douleur de Delphine se mue en blâme féroce de Matilde, sur un registre épidictique (anaphore du « vous » dans le 2e paragraphe : tonalité du réquisitoire). En outre, cette lettre est cruelle pour Matilde car elle rappelle indirectement l’amour qui liait Delphine et Léonce. Enfin, on peut se demander si cette lettre veut vraiment faire table des conflits entre les deux femmes, dans un souci d’apaisement, ou si elle n’attise pas l’aiguillon de la jalousie.

    - Dissertation :

    « Un personnage de roman doit-il vivre des passions pour captiver le lecteur ? »

    Le sujet est assez classique et attend une réponse dialectique (oui / mais). Les meilleurs candidats seront ceux qui auront bien analysé les termes de la question, proposé une problématique pertinente qui reformule la question et invoqué des exemples variés qui font état de leur culture littéraire.

    I. Les passions du personnage de roman intéressent le lecteur

    - On a de l’intérêt pour l’exception : c’est pourquoi on aime les héros exceptionnels. Ex : dans Les Misérables, le dévouement maternel de Fantine ou la passion pour la justice du Père Madeleine (alias Jean Valjean).

    - Les passions entraînent souvent des actions qui rendent le récit haletant. Ex : dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, la passion amoureuse de Julien Sorel pour Mme de Rênal le pousse à s’introduire chez elle la nuit, ou, à la fin du roman, à lui tirer un coup de revolver ; mais ce roman s’appuie aussi et surtout sur l’ambition de Julien, autre passion essentielle et qu’on peut retrouver dans les romans de Balzac.

    - Partager les passions d’un personnage est exaltant pour le lecteur qui se projette dans un autre monde. Ex : les passions dévorantes des personnages de Belle du seigneur d’Albert Cohen.

    II. Un personnage de roman ne doit pas nécessairement vivre des passions pour captiver le lecteur

    - Un personnage moins passionné, moins exalté, peut être plus intéressant pour certains lecteurs qui se sentiront plus proches de lui. Ex : les passions changeantes et finalement fébriles de Frédéric Moreau dans L’Education sentimentale.

    - Un personnage exceptionnel n’est pas nécessairement un personnage passionné : il peut captiver par ses actions, par sa résistance au milieu qu’il l’entoure, par ses valeurs. Ex : les personnages de Zola sont captivants par ce qu’ils incarnent, comme Pecqueux dans La bête humaine qui incarne l’ouvrier à la fois compétent et inconscient.

    - C’est peut-être moins le fait que le personnage de roman vive des passions qui le rend captivant mais le fait qu’il lutte contre elles. Ex : l’extrait de La Princesse de Clèves.

    III. Il faudrait déplacer le problème et aborder par exemple la question de la place des passions dans le roman. On peut ainsi penser qu’un roman captivant est un roman complexe, qui met à distance ces passions, ou pas…

    - Invention

    Ce sujet d’invention est assez complexe à traiter en dépit des apparences. En effet, il suppose que l’on ait bien compris et analysé les textes sur lesquels il s’appuie. Ainsi, se dégagent deux conceptions de l’amour qui s’opposent : l’amour comme sentiment à haute valeur morale, unique et éternel, et l’amour comme sentiment répétitif, garant d’un bonheur convenu, soumis à la loi du temps et qui peut disparaître. Dans le même temps, on peut aussi opposer les exigences morales de la Princesse de Clèves au désir charnel de Renée. Après avoir bien établi les différences conceptuelles propres aux deux héroïnes, on peut imaginer le dialogue en en respectant bien les critères formels (forme du discours rapporté par exemple). Pour autant, les deux héroïnes refusent l’amour : on peut envisager qu’elles se retrouvent sur ce point à la fin du dialogue. C’est donc bien dans un second temps qu’on peut laisser son imagination inventer une situation originale qui sera le cadre du dialogue argumentatif. Enfin, il ne faut pas oublier que pour réussir son écriture d’invention le candidat doit proposer un texte à la syntaxe irréprochable, à l’écriture soignée et au vocabulaire riche et recherché.

    Série ES : Economique et sociale / S : Scientifique(Coef. 2)

    "La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation"

    Voilà un sujet proposé à l'examen plus rarement que le roman ou la poésie - même s'il l'avait déjà été il y a deux ans

    . Les auteurs et les textes sont canoniques et sans doute connus des lycéens, à l'exception notable du texte de Yourcenar, extrait d'un volume d'essais qui ne fait pas partie des corpus étudiés habituellement dans les classes de lycée. Le sujet n'est pas d'une grande difficulté ; l'unité thématique y est aisée à percevoir, autour d'une question (celle de la souffrance animale) faisant écho à un certain nombre de phénomènes d'actualité, sur lesquelles la littérature a une voix à faire entendre.

    1. Question sur corpus : "Quels comportements humains les auteurs du corpus dénoncent-ils ?"

    La formulation de la question insiste sur l'unité rhétorique de ces textes, celle de la dénonciation, du blâme. On est pas si loin dans le corpus de ce que l'on appelle en rhétorique le genre judiciaire, qui porte sur l'éthique (le juste et l'injuste). Mais c'est plutôt l'élément thématique (l'objet de la dénonciation) qui est au cœur du libellé, avec cette notion assez floue de "comportements humains". Il faut prendre garde à ne pas trop élargir le champ de ce que l'on classe sous cette étiquette de "comportements" -- pour le dire sommairement, les actions et les manières d'agir.

    Deuxième difficulté, la consigne est formulée de manière assez peu littéraire, finalement, et semble inviter à paraphraser les textes, c'est-à-dire à redire et synthétiser leur contenu ! Cela demande donc un petit travail d'équilibriste pour respecter la consigne sans s'éloigner de l'esprit de l'épreuve, qui n'est pas un exercice de résumé mais une étude de la littérature.

    Du point de vue de la méthode, toute réponse organisée autour d'arguments, sans prendre en compte les textes successivement, est recevable.

    On pouvait par exemple s'intéresser à la dénonciation des trois comportements humains suivants :

    a. La cruauté à l'égard des bêtes. Thème qui est moins présent chez Rousseau, sinon allusivement à la fin du texte (Rousseau est dans le corpus l'auteur le plus singulier et le plus difficile à rattacher aux autres -- il y en a toujours un). La cruauté est à relier étymologiquement au cruor, le sang versé : c'est le plaisir engendré par la souffrance d'un autre être sensible. On pouvait à ce titre relever (et commenter littérairement !) le vocabulaire employé par les auteurs pour qualifier les pratiques de maltraitance. Ce vocabulaire est justement lié au plaisir et au déplaisir, cf. "spectacle très déplaisant" et "prendre son amusement" (Montaigne), "répugnance naturelle" (Rousseau), "le goût et l'habitude de tuer" (Yourcenar). Noter également l'importance du regard et de la vue. Et bien sûr relever les pratiques dénoncées par les auteurs : chasse et captivité pour Montaigne, vivisection chez Voltaire, conditions d'abattage des animaux chez Yourcenar.

    b. L'arrogance des êtres humains, qui tendent à s'estimer supérieurs au reste des êtres sensibles. Là, on pouvait travailler sur le fait que ces textes jouent sur l'ambiguïté de la notion de sensibilité (littéralement, le fait d'éprouver des sensations, mais aussi dans un sens plus élargi la faculté de percevoir des émotions). Les quatre textes plaident philosophiquement pour un continuum entre l'animal et l'homme, qui sont tous des êtres doués de sensibilité. Les auteurs blâment l'homme pour son ignorance de ce qu'il a de commun avec les bêtes. D'où les procédés relevant de l'anthropomorphisme (le cerf de Montaigne qui "demande grâce", le chien de Voltaire "qui témoigne sa joie") ou, à l'inverse, d'animalisation de l'homme, par exemple dans la très frappante formule de Yourcenar, le "gibier humain", qui méritait d'être relevée et analysée.

    c. Au fond, ce que ces auteurs dénoncent, c'est le fait que l'homme s'arrache à la nature, prenne son autonomie par rapport à elle, au mépris de son essence. L'homme ne doit pas perdre de vue son origine. A ce titre, on pouvait s'intéresser aux manifestations du rôle joué par la nature dans les textes. La métaphore du foyer (dont Dieu serait le maître) à la fin du texte de Montaigne, le refus d'une "contradiction dans la nature" (Voltaire) et les fréquents procédés de comparaison hyperboliques entre l'homme et l'animal (Voltaire, Yourcenar) plaident pour une unité et une continuité entre les êtres. De cette continuité, les auteurs infèrent une dénonciation reposant sur des fondements moraux, voire juridiques. Cf. le voisinage des notions de "loi naturelle" chez Rousseau et de "Lois véritables" chez Yourcenar, ainsi que le lexique de l'obligation et du devoir chez tous les auteurs (par exemple dans les dernières lignes du texte de Montaigne, "commander" et "enjoindre".

    2. Commentaire composé. Texte de Voltaire.

    La grande difficulté de ce texte, du reste pas trop ardu, c'est son aspect polémique et dialogique : Voltaire s'emploie à répondre et à tourner en ridicule une école philosophique, celle de ce qu'il appelle les "machinistes". Il renvoie par là à la thèse de l'animal-machine, développée au XVIIe siècle par Descartes (dans la cinquième partie du Discours de la méthode) puis poursuivie et approfondie par Malebranche. Évidemment, on n'attend pas des lycéens de 1re qu'ils aient lu Descartes, et le "chapeau" introducteur du texte indique le minimum à savoir sur le contexte philosophique. Mais cela ne dispensait pas pour autant les élèves de travailler sur l'inscription dans le texte de cette querelle. Il fallait s'intéresser à la manière dont Voltaire fait allusion aux débats idéologiques et métaphysiques de son temps, avec quels procédés, et comment il intègre à son discours (pour mieux la contrer !) la parole de ses adversaires.

    Malgré cette difficulté, les lycéens ayant étudié Voltaire dans l'année auront retrouvé son style et son ironie corrosive, avec laquelle ils ont pu être familiarisés à la lecture de Candide ou Zadig, œuvres très appréciées des professeurs de 1re.

    L'introduction pouvait replacer Voltaire dans le contexte et le projet des Lumières, puis redire (voire paraphraser ou même répéter : pour le coup ce n'est pas grave) ce que dit le "chapeau" sur la théorie de Descartes. La chose à bien garder en tête face à un texte argumentatif, c'est de rester littéraire, en adoptant un recul rhétorique et esthétique sur les idées défendues par le texte. Le commentaire composé n'est pas un commentaire de philosophie, ni un résumé-discussion. Il faut donc adopter une démarche de lecture littéraire, qui émerge assez facilement de l'analyse du texte.

    Pour le dire vite, il ne fallait pas rater le genre et le registre polémique, au cœur du texte. Il fournit une problématique assez efficace : polemikos renvoie en grec à la guerre, et Voltaire fait justement de la littérature un sport de combat dans ce texte -- combat dont il faut étudier le sens et les procédés.

    A ce titre on peut problématiser par exemple autour d'une double tension : 1. tension générique, dans le genre du texte : matériellement un article du dictionnaire, mais qui ressemble surtout à une prise à parti ! ; 2. tension idéologique, une thèse philosophique en combat voire en écrase une autre. Cela pouvait fournir un plan (en commençant dans ce cas par le plus évident, la tension idéologique).

    Je propose un autre plan, plus progressif, même si, bien entendu, il n'y a pas de plan attendu. Ce qui est attendu, c'est une démonstration progressive, qui cite et analyse le texte sans s'éloigner de lui et sans le paraphraser :

    a. Un texte proposant une prise de position sur la question de la sensibilité animale, centrale au XVIIIe siècle

    On va travailler ici sur le plus évident, c'est-à-dire sur le thème du texte, ce qu'il dit et ce qu'il donne à voir (c'est une argumentation très visuelle). En particulier trois procédés d'argumentation majeurs : 1. l'exemplification (dans sa structure le texte est construit autour d'une succession d'exemples que prend Voltaire et qu'il nous met sous les yeux : analyser à ce titre l'usage constant du déterminant démonstratif "ce") ; 2. la comparaison (entre l'homme et l'animal) : comparaison portant sur les émotions communes à tous les êtres sensibles. Travailler aussi sur le lexique de l'émotion et la manière dont elle est représentée (par exemple, pour le chien, par une longue énumération de propositions relatives construites autour de verbes d'action) ; 3. l'exclamation et l'interrogation. L'auteur prend position de manière extrêmement assertive. Là on peut analyser la structure argumentative de la démonstration (chaque exemple la fait avancer d'un pas), et la manière dont sa force est accentuée par interrogations et exclamations rhétoriques, extrêmement abondantes. Ce qui nous donne une transition toute trouvée avec la deuxième partie : ces procédés très expressifs renvoient tous à la présence polémique de l'auteur de l'article "Bête".

    b. Cette prise de position est avant tout une prise à parti violente de la part du Philosophe

    Ici il s'agira de travailler sur le genre et la rhétorique du texte. En particulier sur l'énonciation (qui parle ? à qui ?). 1. On commence par remarquer l'évidence : cet article de dictionnaire ne ressemble à aucun autre. Il n'en porte pas les marques génériques, sinon l'en-tête en capitales et sans déterminant. 2. Travailler sur l'inscription de l'énonciateur du texte et de son expressivité : vocabulaire péjoratif, questions et réponses, pronoms de première personne. 3. Inscription d'un destinataire, le "machiniste" : relever toute les marques de présence d'une deuxième personne construite rhétoriquement par le texte. Dans les impératifs, les "tu", les apostrophes. On note que ce "tu" n'a pas la parole, en tout cas pas directement, ce que notre dernière partie va analyser.

    c. Dialoguer ou monologuer ? Un débat faussé, entre allusion et mauvaise foi.

    La force de ce texte, c'est d'intégrer la parole de son adversaire sans lui laisser la possibilité de s'exprimer vraiment. Donner la parole tout en l'étouffant. C'est là-dessus que repose la force polémique de Voltaire. 1. Etudier ce terme de "machiniste" dans sa construction et son sens : il déforme et simplifie une thèse philosophique plus complexe que cela. 2. Présence de l'humour et de l'ironie à l'encontre de l'adversaire. Ironie qui fait contraste avec le pathétique auquel ont recours les exemples : le texte cherche à provoquer des émotions, et donc une connivence, chez son lecteur. 3. Voir comment le texte réfère aux arguments avancés par les tenants de l'hypothèse de l'homme-machine : avec une certaine mauvaise foi, notamment au début et à la fin du texte ! Mauvaise foi reposant sur la qualification péjorative et sarcastique du discours de l'adversaire.

    3. Sujet d’invention. "Vous êtes journaliste et vous cherchez à montrer qu’il est nécessaire de promulguer la « Déclaration des droits de l’animal ». Vous écrivez un article de presse d’au moins cinquante lignes, reprenant les caractéristiques du texte de Marguerite Yourcenar (texte D), et présentant des arguments variés sur un ton polémique."

    Un sujet logiquement appelé par le corpus : la rédaction d'un texte argumentatif "à la manière de", sans tomber pour autant dans le pastiche. La consigne donne les principaux critères attendus par les correcteurs, de manière très explicite. On attend donc une certaine longueur, un ton (la polémique, à nouveau) et un genre (l'article de presse). Dernière contrainte, d'ordre plus stylistique : il faut reprendre certains des procédés du texte de Yourcenar. Ce qui implique de l'avoir un minimum analysé (ainsi, on voit que le sujet d'invention ne s'éloigne jamais complètement ni de la dissertation ni du commentaire composé) ! Ces caractéristiques sont notamment : la hauteur de vue et la solennité, qui inscrivent cette question dans l'histoire sanglante du XXe siècle ; la part de délibératif dans l'argumentation, l'auteur tenant vraiment compte des arguments opposés, qu'elle réfute avec soin ; un ton modéré et pondéré, qui ne refuse pas pour autant l'injonction, voire le slogan ("Soyons subversifs").

    Autant de procédés qui pouvaient être repris par les candidats. Deux difficultés principales :

    1. Le texte à rédiger porte sur le même débat que celui de Yourcenar. Il peut donc être difficile de trouver d'autres arguments qu'elle, sans redite (on peut glaner des arguments différents dans le corpus) ;

    2. Comme souvent dans le sujet d'invention, il faut bien garder à l'esprit qu'on est moins évalué sur le contenu, sur le fond de ses arguments, que sur l'élaboration d'un texte respectant des contraintes génériques et stylistiques précises. Gare aussi à la tenue de la langue et notamment à l'orthographe ! Les correcteurs sont beaucoup moins bienveillants à ce propos dans l'invention que dans le commentaire composé ou dans la dissertation. Parce que la forme ne se sépare pas du fond, dans cet exercice.

    4. Dissertation.

    "La littérature vous semble-t-elle un moyen efficace pour émouvoir le lecteur et pour dénoncer les cruautés commises par les hommes ?"

    Ce sujet de dissertation est dans la lignée des sujets donnés à l'épreuve anticipée ces dernières années : la littérature est rattachée à son inscription dans le monde, et au rôle qu'elle peut jouer. En l'occurrence, il s'agit toujours de travailler sur la "dénonciation" et ses effets, en replaçant ce genre rhétorique dans sa réception par le lecteur. La plupart des sujets de dissertation de l'épreuve portent en fait sur la lecture, de manière plus ou moins explicite. Ce libellé ne se détache pas de cette tradition, qui permet aux lycéens de mobiliser facilement un certain nombre de textes étudiés au cours de l'année. Y compris, pourquoi pas, des œuvres non littéraires, à titre de comparaison.

    La manière la plus efficace de procéder, c'est de proposer une dissertation qui soit vraiment une réponse, engagée, à la question posée par le sujet. Le libellé y invite tout à fait ("vous semble-t-elle"). Il n'y a donc pas de thèse, de conclusion ou de progression attendue, sinon un raisonnement procédant par étape et confrontant au moins deux points de vue (thèse et antithèse, si l'on veut). Pas non plus de référence attendue, pour peu qu'elles soient majoritairement littéraires. C'est pourquoi le plan suivant, plutôt qu'une succession d'exemples, propose un schéma de progression argumentative :

    1. On pouvait commencer en répondant favorablement à la question posée : que la littérature blâme et dénonce, cela fait partie de ses pouvoirs et de ses attributs les plus évidents. La littérature a tendance à prendre parti contre le monde et ses laideurs : 1.1 par la force "visuelle" de cet art de l'imagination ; 1.2. par sa capacité à susciter et provoquer de l'émotion ; 1.3. par son rôle de généralisation et d'identification, voire d'édification.

    2. La littérature, pour autant, ne saurait être réduite à être un "moyen". Elle n'est pas si univoque ! Il faut éviter la naïveté, fréquente, de présenter toute littérature, même celle dite engagée, comme faisant passer un "message". 2.1. Le fait de susciter l'émotion n'est pas automatiquement corrélé à une fin rhétorique, que ce soit la dénonciation ou au contraire l'éloge. L'émotion n'a pas nécessairement de but. ; 2.2. la littérature joue bien plus souvent de l’ambiguïté : il n'est pas toujours facile de savoir ce qu'elle dénonce, et elle peut même prendre parti ou sembler prendre parti pour la cruauté des hommes. Le lecteur a ainsi un rôle à jouer dans l'interprétation du texte littéraire, et dans le pouvoir qu'il lui attribue. 2.3. Au fond ce qui fait la force de la littérature lorsqu'elle entend dénoncer la cruauté, c'est une dialectique fine entre la passion (l'émotion) et la raison (la part rhétorique et argumentative impliquée par la notion de dénonciation). Si la littérature est un moyen efficace, pourrait-on conclure, c'est justement parce qu'elle refuse l'efficacité, c'est-à-dire l'explicite et l'univoque. Elle opère et elle dénonce de biais.

    Présenter les choses ainsi permet de concéder à la littérature un pouvoir de dénonciation et d'émotion sans la réduire pour autant à un moyen ou à un discours parmi d'autres. Du point de vue de la méthode, on analyse successivement les deux points de vue opposés sur la question (c'est le fameux plan dialectique), sans commettre l'erreur que l'on trouve fréquemment dans les copies, et qui consiste à annuler sa première partie par la seconde : OUI, puis NON. Il faut veiller à rester nuancé, et à créer du mouvement, une dynamique, à partir de la confrontation d'idées qui s'affrontent. De cette manière on construit une démonstration qui avance, même à partir d'idées très simples.

    Séries Techno - correction du Bac Français 2018

    Correction proposée par Marie Chauveau, Professeur de Lettres au Lycée Albert Einstein de Sainte-Geneviève-des-Bois (91)

    L’objet d’étude retenu pour les sections technologiques est celui de la poésie ; objet assez surprenant puisqu’il a déjà été donné à la session 2017. Il convient ici de rappeler que les objets d’étude sont toujours tous susceptibles de sortir et qu’il est nécessaire de ne pas faire d’impasse lors de ses révisions.

    Le corpus est composé de trois poèmes : « La Sieste » de Victor Hugo dans L’Art d’être grand-père (1871), « A ma femme endormie » de Charles Cros dans Le Collier de griffes (1908), et « Dormante » dans Clair comme le jour (1943).

    Il s’agit néanmoins d’une thématique abordable et compréhensible, celui de la « personne endormie ». De plus, dans l’espace temporel dévolu à cet objet d’étude, du Moyen-âge à nos jours, les textes retenus vont de 1871 à 1943, ce qui restreint les difficultés liées à la langue. Parmi les trois auteurs proposés dans le corpus, Victor Hugo est une figure familière et bien connue de l’élève de Première. Si cela peut s’avérer utile, il n’est cependant pas nécessaire de connaître des éléments biographiques ou le mouvement littéraire dans lequel s’inscrit un auteur pour pouvoir commenter un texte avec pertinence.

    Les questions

    La première question s’interrogeait sur la relation entre le poète et la personne endormie. Ici, les distinctions entre les poèmes se dégagent clairement. Alors que Victor Hugo évoque un grand-père observant la sieste de sa petite-fille, se faisant l’écho du repos de la mère auprès de son enfant, « Et la mère un moment respire et se repose » (v. 17), chez Charles Cros et Claude Roy le poète entretient un rapport amoureux avec la personne endormie : « tu m’aimeras toujours » (v. 13), « Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse » (v.1), même si chez Charles Cros le poète évoque également le sommeil de ses enfants. C’est donc d’une part une relation filiale, d’autre part une relation amoureuse. Il faut néanmoins souligner que dans tous les textes, le poète observe une personne faisant partie d’un cercle très proche, familial, intime. C’est bien cette intimité qui permet l’observation du sommeil.

    La deuxième question propose d’analyser ce que suscite chez le poète cette vision de la personne endormie. Il convient ici de remarquer d’emblée l’amour, l’émerveillement et la tendresse qui naissent chez le poète : chez Hugo, « On croit, en la voyant dans ce frais berceau-là, voir une lueur rose au fond d’un falbala » (v. 24), « Et toi, près d’eux, tu dors aussi/ Ayant oublié le souci » (v. 22), « ton corps abandonné respire le soleil ». (v. 11). Néanmoins une certaine inquiétude, qui prend différentes formes, peut être liée à ces sentiments. Dans « A ma femme endormie », le sommeil bienfaisant est perçu en contraste au réel, plus sombre, par exemple dans l’enjambement des vers suivants: « Tu dors en croyant que mes vers / Vont encombrer tout l’univers/ De désastres et d’incendies. » De manière différente, dans « Dormante » le poète éprouve l’inquiétude de l’absence. Le sommeil de l’amante semble être perçu comme une forme de disparition, comme le souligne la métaphore d’Eurydice, épouse d’Orphée descendue aux Enfers. Enfin, de façon plus légère, c’est le réveil de l’enfant qui est vécu comme un souci par la mère : « Te voilà réveillée, horreur ! lui dit sa mère. » (v.37)

    Commentaire

    Il fallait commenter le texte de Victor Hugo, « La Sieste », qui donnait à voir le spectacle attendrissant d’une enfant endormie. En introduction, quelques éléments de connaissances sont attendus sur ce célèbre auteur du XIXe siècle : rappeler qu’il s’inscrivait dans le mouvement du romantisme, et évoquer quelques œuvres connues, romanesques, théâtrales ou poétiques (Les Misérables, Ruy Blas, Les Contemplations …)

    Le sujet nous invitait à étudier le poème en suivant les deux axes de lecture proposés :

    Idéalisation de l’enfant et du sommeil

    Emotions suscitées par le spectacle de l’enfant endormie

    Afin de souligner et d’analyser le principe d’idéalisation à l’œuvre dans le poème, il fallait relever tout le travail stylistique propre à l’exagération et à l’éloge. Ainsi on pouvait relever quelques hyperboles comme « c’est un astre » (v. 26), des gradations « A sa joie, à son ange en fleur, à sa chimère » (v. 37), ou encore des antithèses qui soulignent la perfection de l’enfant : « Cette terre est si laide alors qu’on vient du ciel ! » (v. 3). Il fallait aussi remarquer les champs lexicaux liés au divin : « Chérubin », « paradis », « auréole », « Dieu » ou à la nature : «étoiles », « azur », « une rose », « un nuage » qui sont deux thèmes permettant d’idéaliser l’enfant et son sommeil. De plus, l’énumération de personnages surnaturels et féériques « Puck, Titania, les fées » permet d’inscrire l’enfant dans une imaginaire idéalisé. Le vocabulaire mélioratif « beaux petits pieds », « sages », « habitude aimable », « un bras charmant » inscrivait le poème dans une atmosphère tendre et bienveillante, en montrant l’émerveillement du poète.

    Les émotions suscitées par le spectacle de l’enfant endormi passent donc par une gamme variée, allant de l’émerveillement à la tendresse. On peut évoquer le ton employé par le poète, enthousiaste, ce qui est par exemple souligné par la modalité exclamative et le parallélisme de structure : « Ces apparitions, ces éblouissements ! » (v. 11) Les sentiments du poète sont clairement évoqués : « On la contemple, on rit, on sent fuir la tristesse » (v. 25) et l’utilisation du pronom personnel indéfini « on » permet d’inclure le lecteur dans ces propos. Il s’agit d’une tendresse bienveillante, qui se propage même aux éléments de tout l’univers en les personnifiant : « L’ombre, amoureuse d’elle, a l’air de l’adorer ; Le vent retient son souffle et n’ose respirer. » (v. 27) Les copies qui évoqueront la pointe finale du poème seront certainement valorisées ; en effet le poète met à distance avec humour la perfection de l’enfant en évoquant la fatigue de la mère « Et la mère un moment respire et se repose / Car on se lasse, même à servir une rose. » (v. 18) La fin du poème se construit en antithèse, entre l’amour que la mère éprouve pour son enfant et le désir qu’elle a de la voir continuer sa sieste : sa « joie », son « ange en fleur », une fois réveillée devient une « horreur ».

    Dissertation

    Le sujet des séries technologiques nous emmenait cette année au-delà des « portes de corne et d’ivoire », pour reprendre la fameuse image d’Homère au sujet du rêve. Il interrogeait classiquement sur le rapport de la poésie à la réalité : « La poésie vise-t-elle seulement à idéaliser le quotidien ? »

    On pouvait répondre à ce sujet de manière dialectique, de façon très traditionnelle, selon la structure « Oui/ Mais… »

    Dans un premier temps, il convenait de rappeler la tradition lyrique poétique, qui permet effectivement de proposer une vision idéale à travers le poème. Dans la poésie lyrique, le poète magnifie et exalte ses sentiments personnels, comme c’est le cas notamment dans le poème de Victor Hugo. Les exemples ne manquent pas dans cette partie : Les Rondeaux de Christine de Pizan, les sonnets de Louise Labé, « Mon rêve familier » de Paul Verlaine…

    On pouvait également évoquer une nature enchantée en citant des poètes romantiques comme Vigny ou Nerval, mais aussi puiser dans la poésie du Moyen-âge quelques exemples issus de la « Reverdie » : rondel de Charles d’Orléans, « Ballade » de Christine de Pizan.

    Enfin, certains éléments parmi les plus bas et les plus prosaïques peuvent être transfigurés et idéalisés dans le poème. On pouvait citer Francis Ponge par exemple, dans le Parti pris des choses, qui idéalise les objets du quotidien, Apollinaire et son lyrisme de la modernité, dans « Zone » par exemple ou encore « Une Charogne » de Baudelaire, qui convertit l’immonde en sublime.

    Cependant la poésie peut avoir d’autres fonctions que celles d’idéaliser.

    Elle peut par exemple, à partir de ce même quotidien, de cette même réalité prosaïque, se montrer instrument de dénonciation. C’est le cas par exemple de la poésie engagée, qui a pour fonction d’agir dans le réel et de provoquer une réaction chez le lecteur. On pouvait évoquer la poésie de la Résistance (Desnos, Aragon, Breton, Guillevic…) ou celle des guerres de religion par exemple avec Les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné.

    De plus la poésie peut se faire non idéalisation mais plainte, comme c’est le cas dans le Spleen de Paris de Baudelaire. La poésie est alors le réceptacle de la souffrance et de la mélancolie du poète face au monde.

    La poésie deviendrait alors le lieu de la possibilité de l’expression du chagrin et de la douleur. On pouvait encore citer dans les Contemplations de Victor Hugo les poèmes exprimant la souffrance du poète suite à la mort de sa fille Léopoldine, comme « Demain, dès l’aube… ». Elle aurait alors une fonction cathartique, de consolation.

    On pouvait très bien, même si cela n’est pas attendu en série technologique, développer une troisième partie autour du poète voyant : celui-ci n’a pas pour tâche d’idéaliser ou de critiquer, il nous fait voir le monde autrement. (Exemples : Rimbaud, ou de manière plus générale, la poésie surréaliste).

    Invention

    Le sujet d’invention proposait de s’appuyer sur le poème « Dormante » de Claude Roy. La difficulté était ici de respecter scrupuleusement les consignes pour ne pas être hors-sujet : le candidat devait se placer non plus du point de vue du poète mais dans celui de la femme endormie. L’objet du poème devient dans cet exercice le sujet écrivant, le poète.

    Il fallait donc :

    - Rédiger à la première personne (« je »).

    - Evoquer des sensations ressenties pendant le sommeil. Il était judicieux de parler des sensations liées par exemples à l’odorat, au toucher, à l’ouïe, à la vue… Mais aussi des sentiments liés à ces sensations : peur, vertige, colère joie, plaisir, apaisement…

    - Respecter la forme du journal intime : il s’agit de confidences, d’épanchements personnels.

    - Ne pas oublier de se référer au poème de Claude Roy. L’écriture d’invention doit être cohérente par rapport au poème initial, et dans le meilleur des cas, y faire parfois allusion sans le paraphraser.

    - Rédiger en prose OU en vers, et dans ce dernier cas respecter les contraintes de l’écriture versifiée.

    - Respecter le minimum de lignes : Une quarantaine pour le texte en prose, une vingtaine pour les vers.

    Enfin, il ne faut pas oublier que pour réussir son écriture d’invention, le candidat doit proposer un texte à la syntaxe irréprochable, à l’écriture soignée et au vocabulaire riche et recherché. Dans le cas d’un texte poétique, il doit porter une attention toute particulière aux images, aux figures de style et aux jeux de sonorités.

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