Alternance - Patrons et apprentis se rencontrent sur le site cfacile

Pourquoi les CFA sont-ils autant boudés ? La faute aux étiquettes et à la tradition, qui valorise les études générales.

Alternance - Patrons et apprentis se rencontrent sur le site cfacile

    La promesse devrait faire rêver : un emploi pour plus de 70 % des élèves, sitôt leur diplôme en poche, une formation de qualité, avec un petit salaire et un pied dans le monde du travail, pour plus d’un millier de métiers… Alors pourquoi les centres de formation des apprentis (CFA) — il y a tout de même 155 établissements et 80 000 élèves en région parisienne — sont-ils autant boudés ? La faute aux étiquettes et à la tradition, qui valorise les études générales.

    Pour montrer que leurs formations ne sont pas une voie de garage où échouent des jeunes fâchés avec la théorie scolaire, les CFA franciliens organisent des portes ouvertes jusqu’au 12 avril. Et la région dévoile son nouvel outil pour séduire les entrepreneurs, les jeunes et leurs familles, souvent les plus rétives à la conviction de Philippe Servalli, président du syndicat des entrepreneurs de la construction. « Nos apprentis sont l’avenir », martèle le gestionnaire du CFA du bâtiment Saint-Lambert (XV e), qui accueille 160 jeunes.

    Les offres des artisans consultables en ligne

    Cet outil, c’est cfacile. Le président PS de la région, Jean-Paul Huchon, aurait adoré l’imaginer. Pour compenser, il se fait le promoteur de l’arme de séduction d’une filière à laquelle la région a consacré 387 M€ l’an dernier, soit plus de 8 % de son budget de près de 500 Mds€.

    Le principe de cfacile.iledefrance.fr ?

    Le nouveau site Internet présente toutes les formations, recense les places disponibles dans tous les CFA, répertorie les contrats d’apprentissages proposés, et se veut une plate-forme de rencontres entre l’élève, son établissement et l’entreprise. Les patrons et artisans volontaires pour accueillir des jeunes peuvent y déposer leur offre, un élève encore indécis peut jauger le top 5 des filières, et trouver un contrat, calculer son salaire d’apprenti. Enfin, le site recense les événements organisés dans tous les centres de France.

    « Ce site illustre la volonté de la région de développer l’apprentissage de façon encore plus sécurisée, pour que les jeunes trouvent un emploi à l’issue de leur parcours. Et il répond à un réel besoin des entreprises, mais aussi des jeunes, dans des secteurs identifiés comme étant à fort besoin », milite Hella Kribi-Romdhane, vice-présidente de la région chargée des formations professionnelles.

    En marge du lancement de cette plate-forme Internet, commence une campagne de promotion de l'apprentissage, confortée par un sondage Viavoice réalisé pour la région. Ce sondage montre que 72 % des Français ont une « image positive » de l'apprentissage, et que 87 % d'entre eux « recommanderaient à un jeune d'y recourir »… C'est pourtant le grand paradoxe d'une filière plébiscitée, mais toujours cantonnée au second choix.

    Aujourd’hui, il concerne moins de 5 % des jeunes franciliens, et le nombre de contrats d’apprentissage a diminué de 2,7 % en 2014. Une première. Une chute toutefois moins sévère qu’au niveau national, où la baisse frôle 4,5 %.

    cfacile.iledefrance.fr

    TEMOIGNAGES

    « J’ai déjà pu toucher à toutes les facettes du métier »

    Emilie, 19 ans, élève en techniques d’études du bâtiment

    Quinze jours dans une entreprise grenobloise, quinze jours en cours à Paris… et cela pendant deux ans… Pour certains, ce serait éreintant. Pour Emilie, c’est juste enthousiasmant et « très équilibré ». Car le son choix de cette jeune femme de 19 ans, qui aura bientôt son bac pro en techniques d’études du bâtiment en poche. Un diplôme qu’Emilie a voulu passer au CFA parisien Saint-Lambert (XV e), l’un des premiers centres de formations créé il y a près de 130 ans par une corporation de maçons. « J’aurais pu rester dans ma région de Grenoble, mais ce CFA est plus réputé. Alors, comme j’ai de la famille à Paris, c’était moins compliqué à organiser », explique-t-elle, sans aucun regret d’avoir quitté la filière générale.

    « J’étais en 1 re S et ça ne me plaisait pas. Et puis, je savais ce que je voulais faire », sourit-elle un peu timidement, en évoquant son rêve à peine secret : « Je voudrais rejoindre l’entreprise de mon père, une petite société de menuiserie et d’agencement de locaux. »

    En attendant son diplôme, Emilie estime « qu’avec l’apprentissage, j’ai pu toucher à toutes les facettes du métier, et le rythme de l’alternance est assez équilibré pour me laisser le temps de me concentrer sur chaque tâche. A chaque fois que je reviens en cours au CFA, c’est avec l’impression d’avoir appris et de maîtriser quelque chose de nouveau. En fait, je n’ai pas vu passer ces deux ans ! », assure Emilie.

    Nicolas est prêt pour le « grand bain »

    Il était charpentier. Demain, son horizon sera bien plus large. Pour Nicolas, le CFA Saint-Lambert (XV e) est mieux qu’une seconde chance : à 27 ans, l’apprentissage lui offre une reconversion rendue inévitable par « un problème physique », comme l’évoque pudiquement ce jeune homme, qui voulait « rester dans la branche ».

    « Ces mois sur le terrain m’ont donné une vision globale de l’organisation des chantiers. Avec ça, je serai prêt ! », sourit-il. Après son BTS en avril, et avant de se lancer dans « le grand bain », Nicolas espère bénéficier du programme Eurodyssée, qui offre des stages de trois à sept mois à l’étranger à des jeunes de 18 à 30 ans. Un atout supplémentaire sur son CV.

    Elodie Soulié

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